Le Violon Rouge
Je me souviens bien, que pour mon
onzième anniversaire, grand-père m’a donné comme cadeau le violon le
plus exquis que je n’ai jamais vu. Un joli rouge a donné le corps tant
de charme qu’il n’a d’égal que la belle voix argentine. Grand-père m’a
dit que j’étais prêt puisque je jouais du violon depuis que j’avais
trois ans. Il m’a aussi raconté la légende familiale de ce violon : on
qui voit sa véritable beauté l’aura sur le côté un jour et puis vivra
heureusement pour toujours.
Une matinée, quand j’en jouais
dans mon petit jardin, j’ai remarqué un petit corps qui s’appuyait
contre la clôture, dont la tête se balançait au rythme de la musique.
Je me suis arrêté. Elle aussi. Puis elle s’est tournée timidement et
j’ai vu le visage de Rei, le nouveau garçon dans mon école. Donc je
l’ai salué et invité à entrer. Il a rougit mais lentement, il a ouvert
la porte et s’est assis silencieusement sur le gazon. Puis j’ai
recommencé à jouer.
Il écoutait avec les yeux fermés,
en semblant enchanté par la musique. De temps en temps, un sourire
s’est montré sur son visage. Quand j’ai fini, je lui ai demandé s’il a
aimé les morceaux mais il n’a que cligné ses grands yeux, bruns et
clairs, au ciel bleu.
Puis il m’a sourit timidement et
il s’en est allé vite. Mais il est retourné la prochaine fois et puis
chaque fois quand je jouais de mon violon. J’adorais mon petit
auditoire, toujours en silence mais toujours captivé, avec l’air que
la déesse de la musique tapait sur une corde profondément cachée dans
son âme. Et les grandes émotions mitigées qui montaient en lui se
manifesteraient dans ses yeux. Je ne peux jamais les oublier, ces
grands yeux bruns et clairs, beaux et magiques. Parfois étaient-ils
pleins de regret, parfois de solitude, parfois de tristesse mais
toujours de joie et d’espoir.
Mais un jour, Rei, il n’est pas
venu ni chez moi, ni à l’école, ni pour bien de jours suivants. Je
m’en faisais. J’ai appris de ma prof qu’il était malade. Elle m’a
expliqué qu’il avait une maladie qui faisait vieillir quelqu’un avant
son âge.
Quand je suis entré sa chambre
cet après-midi, il était assis sur un fauteuil en regardant à travers
la fenêtre. « Bonjour ! » Lui ai-je dit en tenant devant moi mon
violon. Il m’a salué en souriant timidement. J’ai remarqué de petites
rides aux coins de ses yeux.
Il avait dix ans.
Tous les jours par la suite, je
venais chez lui et ma compagnie lui ravissait toujours. Comme ça, des
semaines et des mois se passaient, qui grisonnaient ses cheveux et
ridaient son visage. En jouant à côté de lui, je pouvais sentir une
grande puissance qui l’emmenait ailleurs, une puissance au-delà de la
compréhension humaine.
Enfin un jour, Rei ne pouvait
plus partir de son fauteuil. Ce jour-là, il m’a demandé s’il pouvait
regarder mon violon. « Bien sûr ! » Et je le lui ai passé. Il a sourit
en le tenant. Ses yeux brillaient comme toujours. Il a tenu le violon
jusqu’à ce qu’il se soit endormi. Il ne s’est jamais réveillé mais
pendant ses rêves, un sourire s’est montré sur son visage.
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